jeudi 28 août 2008

La vente à la sauvette dans le collimateur

Les vendeurs à la sauvette devant le château de Versailles, « ça suffit ». A l’occasion du procès, hier après-midi, devant le tribunal correctionnel d’un de ces vendeurs ambulants qui prolifèrent sur la place d’Armes, la procureur Laure Beccuau a fait un long réquisitoire contre « ces agissements qui causent un véritable trouble et représentent une concurrence déloyale sur l’agglomération de Versailles ».

« Il y a de plus en plus de vendeurs ambulants devant le château, poursuit la magistrate. Aucun n’est inscrit alors que c’est possible. Aux alentours, les commerçants qui payent des charges pourraient vendre aussi des boissons fraîches et des souvenirs. Au lieu de cela, ils voient leur chiffre d’affaires baisser. »

Ces derniers mois, le parquet a multiplié les opérations coups de poing devant les grilles du château. Rachid A., qui comparaissait libre pour « exécution d’un travail dissimulé », en est le parfait exemple. Le 25 juillet, il est interpellé une première fois pour vente illégale de boissons à l’entrée du château. Remis en liberté, il est aperçu en train de s’adonner à son activité le 26 et, finalement, il est de nouveau arrêté le 27.

Le président Xavier Goux-Thiercelin résume les procédures : « Ce qui est un peu agaçant, c’est que, malgré les avertissements, vous continuez quand même… » A la barre, Rachid a une excuse toute trouvée. « J’ai une famille à charge, un loyer à payer. J’ai déposé des CV dans des boîtes d’intérim, mais il n’y a rien. Il n’y a pas de travail. » Le magistrat lui suggère une idée : « Vous n’avez qu’à créer une entreprise de vente de boissons. »

A 46 ans, Rachid, deux enfants à charge et une femme qui ne peut pas travailler, estime gagner 50 à 60 € en deux jours, « ça dépend des week-ends ». Il vend 1 € la canette, achetée par palettes entières dans les supermarchés, et exerce devant le château « deux ou trois fois par semaine, quand il fait beau ». Des comptes qui ne correspondent pas à ceux du ministère public, qui estime qu’il gagne avec son activité 1 800 € par mois qui ne sont pas imposés. « C’est tout bénéfice, calcule Laure Beccuau, puisque vous percevez le RMI et une allocation logement auxquels vous n’auriez pas droit si vous étiez déclaré. »

Avant de requérir cinq mois de prison avec sursis et 1 500 € d’amende, la procureur prévient Rachid. « Avec vous, on a fait des opérations d’interpellation avec rappel à la loi, des défèrements devant le délégué du procureur, des convocations par officier de police judiciaire, ça suffit ! On vous connaît. Désormais, à Versailles, vous trouverez toujours un policier sur votre route. » En défense, M e Sandra Henry fait valoir que son client a enfin obtenu le 29 juillet une autorisation provisoire de vente de boissons et de pralines pendant un mois. « Il est sur la bonne voie. Il veut trouver un moyen légal pour subvenir à ses besoins. »

Le tribunal a condamné Rachid à cinq mois de prison avec sursis et 500 € d’amende. Avec une ultime mise en garde de la part du président : « On ne veut plus vous revoir au tribunal pour avoir vendu du Coca. Sinon, c’est la prison. »

Paru dans Le Parisien | M.S. | 28.08.2008, 07h00

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Faut qu'il arrête de vendre du coca et qu'il vende de l'huile ! Celle qu'on appelle l'huile "à Rachid"